C'est au tour de George Ka de se confier sur son parcours musical et sa prestation lors de l'audition #2.
Revenons sur ton live à Point Éphémère. Quelles sont tes impressions ?
C'était une de nos plus belles expériences de scène ! Je ne sais pas si c'était dû à ce contexte d'audition mais on a trouvé le public particulièrement attentif et bienveillant, on s'est senti porté, entendu. On a été aussi bluffé par l'équipe organisatrice qui nous baby-sitté depuis l'annonce des résultats, qui nous a mis à l'aise et nous a offert de très belles conditions de live.
Qu’as-tu pensé des deux autres artistes qui ont partagé la scène avec toi ?
Ce sont deux artistes que je connais et admire beaucoup. Thx4Crying, je l'ai vu deux fois en concert, à chaque fois sa voix me bouleverse, il s'expose, c'est un spectacle complet. Il est authentique, sur scène comme dans la vie, il est sensible et très marrant. Ce soir-là on avait pas le droit aux reprises, mais j'espère que vous pourrez écouter celle qu'il fait de Small Town Boy d'Arnaud Rebotini (qui pour le coup me fait bien pleurer).
J'ai un lien particulier avec Thérèse du groupe La Vague, elle fait partie de ces voix qui résonnent et qui comptent dans des communautés dont je me sens proche. Elle s'exprime en tant que personne asiatique en France, en tant que femme dans l'industrie de la musique, en tant qu'artiste qui se confronte à ses peurs. Ses shows sont explosifs, à chaque fois j'en ressors gonflée à bloc, elle me donne envie de m'assumer plus. C'est un peu ma grande soeur depuis que j'ai commencé ce projet. Et d'ailleurs, comme une grande soeur qui te sappe avant ta première boum, elle a pris en charge le stylisme de mon dernier clip.
Peux-tu présenter ton projet musical en quelques mots ?
J'écris des histoires sur des sujets qui me relient aux autres. Les morceaux sont entre rap et chanson française, j'y parle d'identité, de métissage, d'enfance, de filles qui sortent en boîte, d'afters, d'avenir, d'amour... Je pose tout ça sur des instrus qui mêlent hip-hop, funk, pop... On est trois sur scène, Malam au piano, Frillex à la basse, et moi !
Le déclic qui t’a fait commencer la musique ?
J'ai toujours beaucoup écrit, notamment après le lycée, j'écrivais des voix-off pour des petites vidéos que je réalisais surtout pour moi (des portraits, des vidéos de danse, des mini-documentaires...).
En 2018, j'ai atterri dans une soirée slam et je me suis rendu compte que je pouvais participer avec une de ces voix-off. J'ai pas mal traîné dans ces scènes ouvertes, un ami a filmé un de mes passages et l'a montré au compositeur Siegfried de Turckheim qui m'a proposé de mettre ces textes en musique et on autoproduit nos morceaux depuis.
Quelles sont tes principales inspirations et influences ?
Ma vraie grande soeur a blindé mon mp3 pendant toute mon adolescence. Dans le lot, il y avait A Tribe Called Quest, Kenny Arkana, Rocé... Ce que je préférais, c'était les chansons que je pouvais écouter comme si on me racontait une histoire, celles de Jacques Brel, Edith Piaf ou Oxmo Puccino. L'artiste qui a eu l'impact le plus fort sur mon envie d'écrire, c'est Gaël Faye, et son album Pili Pili sur un croissant au beurre.
Quel est ton rapport au Grand Paris ? Quels sont les endroits, villes, quartiers, lieux culturels du Grand Paris que tu préfères et pourquoi ?
J'ai grandi à Saint-Maur-des-Fossés et je passe de nouveau pas mal de temps chez ma bassiste qui vit dans une coloc avec d'autres musiciens (ancien groupe Apaache). On répète chez eux, je sais que je peux y débarquer quand je veux, c'est un lieu et des personnes qui comptent énormément pour moi.
Je suis souvent à Pantin, Montreuil et à Paris dans le 18ème ou à Belleville. Il y a mes rues et bars préférés là-bas, Belleville c'est aussi le quartier où j'ai fait mes premiers open-mics où je continue de passer, au Lou Pascalou ou au Babel. Pour les concerts, je vais souvent au Pop-Up du Label ou à la Boule Noire.
Mon lieu culturel préféré c'est Mains d'Oeuvres à Saint-Ouen. J'y ai fait mon tout premier concert, passé tous mes week-ends avec le Levi's Music Project, j'y ai répété, tourné, écrit, beaucoup fait la fête... On a suivi en apnée l'expulsion des lieux par la mairie et sa restitution ce mois-ci par le tribunal de Bobigny. Une aventure à la résolution douce-amère qui nous rappelle la nécessité d'investir ces lieux alternatifs, en tant qu'artiste ou membre du public !
Quelles sont tes prochaines actualités ?
Fin février, je vais sortir mon deuxième single, qui s'appelle "Jolies Personnes", j'y parle d'une bande d'amies qui sort faire la fête. La plus grosse actualité, c'est le clip qui va accompagner cette sortie. Il a été réalisé par mon ami Maxime Baudin, on a bossé comme des dingues pour pouvoir le tourner avec nos économies, on a été aidés par nos potes pendant des journées entières, par le Breakfast Club qui nous a prêté les lieux... C'est un projet de copains et j'ai très hâte de le sortir.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour 2020 ?
De faire des concerts aussi cools que celui-ci et peut-être que mes morceaux fassent leur chemin jusqu'à un EP ?
Si tu fais partie des six sélectionnés, qu’espères-tu que cela t’apporte ?
J'espère pouvoir travailler le set et sa scénographie, avoir des retours directs sur mon travail et rencontrer des artistes aux univers très différents du mien.